Tobiasse
et ses amis
à Saint-Paul...
Théo et
ses amis
C’est en 1976 que mon père s’installa, émerveillé, à SaintPaul de Vence face aux remparts de ce village de légende, son rêve de toujours … il y trouva là un bonheur de ciel et de lumière immenses mais également le regard des peintres et des artistes qui y avaient traversé les siècles et illuminé cette terre de bergers, ce village en forme de bateau ivre sur fond de colombes ambrées par le soleil couchant. Pour lui, la vie était une fête à la mesure de la tragédie qu’l avait vécue pendant l’occupation nazie et dont il était un miraculé.
Il ne cessa donc de goûter le bonheur de vivre dans ce lieu enchanté. Il y avait reconstitué à sa manière une sorte de jardin d’Eden où les arbres fruitiers, le jardin potager, les sculptures, les animaux, cohabitaient dans une nature d’âme, d’esprit et de fantaisie.
Cet endroit devint très vite un lieu où tous les amis artistes, poètes, galeristes, écrivains se retrouvaient pour de joyeuses parties de campagne que mon père affectionnait. C’était un temps de légèreté et d’insouciance, de fêtes autour de l’art, de la poésie mais aussi de grande gaîté et du plaisir d’être ensemble.
Ce petit monde se retrouvait ainsi souvent à la maison « Rose de Saron » en de grandes tablées à l’ombre des figuiers et des orangers où chacun y allait de ses idées, anecdotes, calembours, chansons, poèmes et grandes rigolades. Le tout orchestré par Théo et souvent ponctué par la voix de ténor de Frédéric Altmann...
James Baldwin venait alors en voisin et parlait de littérature avec l’écrivain américain Chaïm Potok, l’auteur de « l’Élu » et qui passait chez lui de nombreuses semaines d’écriture pour son livre « le don d’Asher Lev » sur la vie de Tobiasse.
Il y avait là Yves Bayard, l’architecte du Mamac , et sa compagne , la décoratrice Jacqueline Morabito , l’artiste Nivèse, Arman et Corice, César, Nall, les amis de toujours, Odette et Albert de Domenico, les Sapone , le graveur Pierre Chave, les célèbres libraires d’art Jacques et Madeleine Matarasso, André Verdet, figure de proue de Saint-Paul , Jean-Louis Prat alors directeur de la fondation Maeght. Macha et Sacha Sosno , Jean-Claude Fahri, eux , se retrouvaient fréquemment en compagnie de Denise et Roger Vergé pour des dîners un peu raffinés avec Marius Issert, maire de l’époque et grand ami des artistes . Franta et Jacqueline étaient également de la partie avec Jacques Renoir. L’hiver, tout le monde mettait la main à la pâte dans la gigantesque cuisine devant le feu de cheminée... c’est là que prirent forme les premières soirées endiablées de la « barbotique » imaginées par Yves Bayard, personnage haut en couleurs, à la fois pianiste jazzman, artiste et architecte… Sans oublier le photographe André Villers qui a immortalisé tous ces moments aussi rares que précieux.